dimanche 19 juillet 2009

L'ascension de la carrière de Bourely - Magali

La révision de calcul s'est mal passée : j'ai confondu 2πR et πR2. Mon père est très mécontent, et je suis donc privée de la promenade que nous devons effectuer dans la voiture de ses amis. Seule Claudine sera autorisée à y aller l'après-midi. A deux heures, alors que les autres partent pour la balade, on m'impose de reprendre les maths… et je saisis enfin la différence entre la surface et la circonférence. Mes parents m'autorisent donc à sortir et m'invitent à suivre la route qui conduit au plateau pour aller à la rencontre des promeneurs qui redescendent de la Cam de l'Hospitalet. Mais la route est bien monotone. Je cours de l'Abeuradou à la Sablière et je suis fatiguée à l'avance en voyant de loin le tournant des Crottes.
Il existe un sentier que ma mère m'a fait suivre l'année précédente, il est taillé dans la roche, il serpente, il est bordé d'épineux, les cailloux roulent sous les pieds lorsqu'on le gravit. J'essaye de trouver "la passe" entre les branches. Mais elle est secrète… Pourquoi ne pas escalader le mur de la carrière ?
L'ascension commence aisément. Je sais lâcher une prise contre le rocher du moment que les trois autres sont assurées. Cependant le mur est haut, très haut. Mes mains griffent parfois vainement les pierres et mes genoux sont écorchés. J'évite de regarder vers le bas car on m'a appris à grimper sur les rochers de la Cam. Toutefois pour la première fois de ma vie, j'éprouve une peur physique qui me noue le ventre : peur de tomber, peur de me faire gronder, peur absolue et irraisonnée.
Tremblante et honteuse, je parviens à terminer l'ascension. Je marche sagement sur la route jusqu'à la ferme de la Borie ou Madame Boulet m'offre une tasse de café… que je refuse et qu'elle veut bien remplacer par un verre d'eau fraîche.
Je n'ai raconté à ma famille mon exploit de fillette de dix ans que bien des années après.

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