dimanche 19 juillet 2009

Le chemin de l'école - Marie-Jeanne

Neuf ans. J'arrive avec mes parents, ma cousine Hélène et mon petit frère à peine âgé d'un an. Nous aménageons dans une gare désaffectée qui nous ouvre toutes ses portes, celles de l'appartement, de la salle des guichets, de la salle d'attente, de l'atelier. Un monde immense s'offre à la petite fille que je suis et je me mets à rêver à toutes les parties de cache-cache imaginables. Tout autour, des oliviers, des oliviers à perte de vue, des oliviers si âgés qu'ils en avaient oublié les Romains qui les avaient plantés. Un ravissement. Mais la réalité aussi surgit : il faut aller à l'école, à deux kilomètres de la gare. Et ça grimpe, et ça tourne, beaucoup au soleil, les arbres, là, sont rares, un peu à l'ombre des grands eucalyptus, et d'autres que j'ignore. Il faut passer devant la station service des Alessandroni, grimper dur dur, faire coucou à la station électrique qui diffuse sa lumière dans toute la région. Le regard devient indifférent devant les dépôts de l'armée qui suivent immédiatement, mais pétille tout à coup, là ! La salle des fêtes, les bals, les projections d'un cinéma itinérant. Grimpe, grimpe, ma fille et souffle enfin sur un terrain plus plat. J'esquisse un léger détour en arrivant là, au niveau de l'abreuvoir où se trouvent toujours quatre ou cinq vaches très imposantes… et menaçantes à mon gré. Les arbres prodiguent leur ombre salutaire et réparatrice, surtout en été, et religieusement je ralentis devant la reproduction, oh ! surprise, de la grotte de Lourdes, et toute l'histoire de Bernadette envahit ma mémoire.
Encore un effort, passer devant le garage Daniel, et attaquer la descente aux enfers… Non ! à l'école ! Surplomber une cité ouvrière et voilà l'école, dans un bouquet d'arbres, et surprendre le murmure d'une rivière descendue du djebel.
Ici, nous aurions parlé de serres et de valats. En découvrant ce beau pays cévenol, je pense toujours, oui toujours, à mon pays du djebel Zaghouan que les Romains avaient investi, enrichi, embelli de leurs si beaux monuments.

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