jeudi 21 février 2008

Traces de vie/J. Monnier


©THE EV

Mon père a été tué en 1914
par Josette Monnier

Il a été tué en premier, je ne l'ai pas connu. La guerre, c'est le souvenir d'hommes écrasés par la mort. Celle de mon père a été une catastrophe pour la famille. Il avait environ quinze ans de plus que ma mère. Ma mère était veuve de guerre, elle a conservé ce statut.

J'étais fille unique, arrivée après la mort de mon père. Je me souviens que petite, j'étais derrière ma mère, la tirant par ses jupes.

Nous habitions Taulignan. Dès que maman a pu se libérer de sa mère qui la traitait comme une servante, elle a retrouvé un poste d'institutrice. A l'époque, il fallait arrêter de travailler quand on était l'épouse d'un officier, c'est pourquoi maman n'exerçait pas auparavant. J'allais à l'école en tenant la main de ma mère. Nous n'avions pas le droit d'y habiter, mais nous y prenions nos repas. J'ai dû rester quatre ans peut-être à la même école que maman. Une dame qu'on appelait madame Marie venait me chercher à la sortie pour que je ne reste pas seule dans la rue. Cinq cents mètres seulement séparaient l'école de la maison.

Avec l'aimable autorisation de l'auteur
Texte publié par La Pousterle in "Je me souviens", 2007.

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