mercredi 26 août 2009

Ici, ailleurs..., Liliane Paffoni

Il avait quitté la pièce tout doucement et avant de refermer la porte, il avait dit: « Je t'attendrai à la maison. » De quelle maison parlait-il? Je n'avais pas eu le temps de lui demander. Était-ce la maison que nous étions en train de bâtir ensemble dans notre tête, au seuil de notre notre nouvelle vie qui avait commencé quelques semaines plutôt ? Cette maison qui allait abriter notre vie et tous nos souvenirs ? Ou bien cette maison que l'on venait de quitter, où nous avions vécu, où les enfants avaient grandi, où l'on avait tout construit, contre vents et marées, où l'on avait été si heureux mais qui se trouvait dans cette banlieue bruyante, grise et inhumaine ? Ou bien était-ce cette maison de Lozère qui ne connaissait que nos rires de l'été, nos éclats de voix joyeux, nos fous rires, la maison des vacances, de la détente, des retrouvailles, des repas sur la terrasse où la glycine partait à l'assaut des vieilles pierres? Ou bien était-ce cette maison perdue là-bas sur le Causse dont il rêvait secrètement sans oser me dire que c'est là qu'il voulait vivre désormais, plus près du silence et de ces grands oiseaux blancs qui lui apportaient tant de bonheur et de sérénité?
Ma maison est ailleurs – là-bas, sur ma terre natale – dans un paysage de prairies et de collines aux lignes douces, de mirabelliers tordus mais dont les fruits d'or embaument l'air du matin, près des groseilliers de ma grand-mère, près du jardin de mon père, près des fleurs et du lilas de ma mère...





Causse Méjean, 30 juillet 2009, balade écriture "Mémoires de pierres".
Photos M. Sauvage

Aucun commentaire: